jeudi 7 janvier 2010

II. Les enjeux et les déterminants de la mobilité sociale.

A. La mobilité sociale : un enjeu dans les sociétés démocratiques.

1) Qu'est-ce que la mobilité sociale ?

a) Définitions.

Cours du mardi 5/01/10

b) Mesure de la mobilité sociale.

La mobilité sociale se mesure à travers les tables de mobilité sociale.

Il existe 2 tables de MS :

- La table de recrutement : présentation : doc.4 p.166

Une table de recrutement permet de répondre à la question suivante : Quelle est l'origine des personnes appartenane à une PCS donnée ? Autrement dit la question essentielle est "d'où viennent-ils ?"

Une table de recrutement se repère facilement car les totaux sont en colonne .

Exemple de lecture (chiffres entourés):
- Sur 100 hommes cadres et PIS, âgés de 40 à 59 ans, 24 sont des fils de cadres (ou ont un père cadre) en 2003, en France.
- Sur 100 ouvriers, 58 sont fils d'ouvriers.
- Sur 100 employés, 9 sont fils de professions intermédiaires.
- Sur 100 actifs (toutes PCS confondues), 8 actifs ont un père cadre.

La colonne "ensemble" met en évidence la structure socioprofessionnelle de la génération des pères.

Dans une table de mobilité, il faut chercher à repérer la "diagonale" c'est à dire le croisement des % pour chaque PCS, ex dans notre tableau (88, 29, 24, 16, 14, 58). Si cette diagonale existe (les % les plus importants ou proches) c'est que nous sommes face à un phénomène d'immobilité sociale. Dans le cas d'une table de recrutement, cette diagonale est le signe d'un "autorecrutement". Cela signifie que le recrutement social des différentes PCS témoigne d'une certaine immobilité sociale (mais ne nous indique pas les causes de ce phénomène).

- La table de Destinée (cherchez la chanson de Guy Marchand sur You Tube, vous aurez ça dans la tête pour un moment...)

Une table de destinée permet de répondre à la question suivante : que deviennent les personnes
originaires d'un groupe social donné ? Autrement dit: "Que deviennent-ils ?"

Une table de destinée se repère grace aux totaux qui sont en ligne.

Exemples de lecture (chiffres entourés dans le doc.):
- En France, sur 100 fils de cadres en 2003, 53 sont devenus cadres.
- Sur 100 acifs en 2003, quelle que soit la PCS du père, 19 sont cadres.
- Sur 100 fils d'ouvriers, 23 exercent une profession intermédiaire.

La ligne "ensemble" met en évidence la structure socioprofessionnelle de la génération des fils.
Rq : En comparant la colonne ensemble de la table de recrutement et la ligne ensemble de la table de destinée, on peut mettre en évidence l'évolution de la structure économique entre les deux générations. Cette information nous sera utile lorsque nous chercherons à mettre en évidence la mobilité sociale structurelle (2)

Comme dans une table de recrutement, nous allons chercher à mettre en évidence la "diagonale", dans notre ex : 22, 21, 53, 33, 17, 46.
Dans le cas d'une table de destinée, la diagonale nous informe sur l'hérédité sociale, autrement dit il s'agit de savoir si la PCS du père influence la PCS du fils.

Synthèse :

La mesure de la mobilité sociale peut se faire à l'aide des tables de recrutement et de destinée. Chacune d'entre elle nous donne des informations sur les possibilités de mobilité sociale (ou d'immobilité sociale) intergénérationnelle. Cependant ces outils présentent un certain nombre de limites.

c) Les limites des tables de mobilité.

- cf. docs. 6 et 7 p. 167 et 168.

A travers ces 2 documents les principales limites des tables de mobilté sont les suivantes:

- Lorsqu'on étudie les tables de mobilité sur longue période, il faut tenir compte de l'évolution de la nomenclature. Par exemple, la nomenclature de l'INSEE a été modifiée en 1982 lorsque les CSP sont devenues des PCS pour tenir compte de l'évolution de la structure économique et de l'évolution des emplois. Or, cette transformation n'apparaît pas dans les tables de mobilité ce qui peut nuire à l'exactitude des interprétations.

- Les tables de mobilité prennent comme principal indicateur les actifs âgée de 40 à 59 ans. Or, actuellement il existe une plus grande mobilité professionnelle (par rapport à la génération précédente) et à 40 ans il est tout à fait possible de modifier son statut professionnel (je vous assure qu'on est pas foutu à 40 ans...). Ces évolutions peuvent encore une fois perturber l'interprétation des tables de mobilité.

- Enfin limite TRES importante. Vous avez certainement remarqué que précédement je n'ai parlé que des fils et des pères mais "où sont les femmes?". Les statistitiens de l'INSEE considèrent que il est très difficile de comparer les situations des mères et des filles car de nombreuses femmes de 40 à 59 ans sont aujourd'hui inactives et encore plus dans la générations des mères. Elles ne sont donc pas introduites dans les tables de mobilité.
Cet "oubli" est particulièrement génant lorsqu'on cherche à expliquer la mobilité ou l'immobilité sociale car de nombreux sociologues (dont P. Bourdieu) ont insisté sur la transmission du patrimoine culturel par le biais de la mère.

Transition :
Les tables de mobilité sont de 2 types : la table de recrutement qui indique de quel groupe social vient l'individu et la table de destinée qui indique ce que deviennent les fils originaires d'un certain groupe social. Elles permettent d'observer la plus ou moins forte mobilité et de repérer les groupes qui pratiquent l'auto-recrutement.
Néanmoins, ces outils restent imparfaits. Ils nous permettent toutefois de distinguer de qui relève de la mobilité sociale structurelle et de la MS nette.

2) La société française est-elle devenue plus mobile ?

Introduction :

- Doc.9 p. 169 + "Ne pas confondre"

Les tables de mobilité nous donne des informations sur les possibilités ou non de mobilité sociale mais ne nous renseignent pas sur les causes de ces évolutions. La MS constatée dans les tables de mobilité est appelée : mobilité brute.
Il faut toutefois distinguer ce qui relève de l'évolution de la struture économique et ce qui relève de la volonté des individus de modifier leur statut social.

- La mobilité sociale structurelle est encore appelée mobilité "contrainte" car elle provient d'une modification de la structure économique et sociale d'une société. Par exemple sur une génération le nombre d'agriculteurs a profondément diminué. Les enfants d'agriculteurs ont été dans l'obligation de se diriger vers d'autres secteurs et métiers. On observe donc une MS des fils d'agriculteurs mais cette dernière a été "subi" et non réellement désirée.

- La mobilité sociale nette appelée "fluidité sociale" correspond à la diffrence entre la mobilité brute et la mobilité structurelle. Elle désigne la volonté d'un individu de modifier son statut social par rapport à celui de son père.

Autrement dit : mobilité brute = mobilité structurelle + mobilité nette
Ou encore : mobilité nette = mobilité brute - mobilité structurelle

- Doc. c ( à distribuer en cours, lorsque nous nous verrons....)

A partir de ces définitions, on peut se demander comment interpréter la MS observée en France depuis la fin de la 2°GM ? Cette mobilité sociale traduit-elle une véritable égalité des chances ?
Attention : sujet de Bac probable (oui je sais un de plus!)

a) Une mobilité sociale structurelle plutôt ascendante.

- Doc.12 p. 170

Trois PCS sont en déclin numérique depuis 1962 : les ouvriers, les indépendants et les agriculteurs, tandis que les 3 autres sont en expansion. Il y a de plus en plus d'employés (+ de 61 %), de professions intermédiaires ( + 109 %) et de cadres (+ 180 %).
On peut donc en conclure que les créations d'emplois dans ces trois PCS plus qualifiées ont permis un glissement vers le haut des positions sociales (métaphore de l'ascenseur social).

La période des "30 glorieuses" grace à la tertiairisation et l'évolution de la qualification des emplois s'est traduite par une MS ascendante. Autrement ces évolutions ont favorisé une mobilité sociale structurelle. En est-il de même pour la mobilité sociale nette ?

b) Une mobilitée sociale nette plutôt limitée.

- Doc. d ( Distribué en cours.....)

Ce document de Louis Chauvel (vous savez le séduisant sociologue né en 1967...) revient sur sa thèse de la fracture générationelle. En effet, durant les "30 glorieuses" on a pu observer une réduction des écarts de niveau de vie entre cadres et ouvriers. Cependant, on observe depuis une vingtaine d'années que ces écarts réapparaissent (mode de vie, salaire, chômage,...) ce qui limite les possibilités de MS. Ce qui signifie que les "frontières de classes" ont tendance à réapparaître lorsque la MS structurelle se ralentit.

- Doc. e (.....)

Document de Stéphane Beaud ( moins séduisant malgré son nom, ah ah!) confirme l'analyse de Louis Chauvel sur la "panne de l'ascenseur social" : la MS nette semble limitée pour les nouvelles générations en raison de l'évoltion de la croissance économique qui n'offre plus les mêmes possibilités. Lorsque la MS structurelle est freinée, les différences sociales ont tendance à se réaffirmer. Ex : il y a de plus en plus de diplômés dans chaque génération. cependant le nombre d'emplois qualifiés ne progresse pas au même rythme. Dans ce contexte, on voit réapparaitre des inégalités sociales entre ceux qui vont faire les études les plus prestigieuses et/ou qui possèdent les bons réseaux sociaux et les autres.

Synthèse:

Depuis la fin de la 2°GM, on assiste à une véritable MS. Cependant l'analyse de cette dernière doit être nuancée. Si la période des "30 glorieuses" a véritablement permis une mobilité sociale structurelle qui a bénéficié à l'ensemble de la population, la fin de cette période a vu réapparaitre de profondes inégalités sociales. La MS nette reste donc limitée.

Mais quels sont les véritables déterminants de la mobilité sociale ? Suite en direct en cours, jespère.....